...Bien que ce soit là le cœur de chacun des quatre Évangiles, il est assez difficile de mettre ceux-ci d'accord sur le récit de la « Passion »,
c'est-à-dire son procès et son exécution par crucifiement.
...Jésus est arrêté alors qu'il séjournait à Jérusalem pour célébrer la fête de Pessa'h (la « Pâque » juive).
Ce dernier séjour à Jérusalem se déroule dans une ambiance très clandestine
pour préparer le repas dans un endroit caché.
...Le contraste avec l'ambiance enthousiaste de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (célébrée le dimanche des Rameaux) est flagrant,
ce qui suggère que ces deux montées à Jérusalem n'ont pas eu lieu la même année.
... On trouve la trace dans les évangiles de l'attente messianique d'une partie de la population,
qui attendait un Messie politique, libérateur du joug des Romains.
Cette attente se retrouve dans le qualificatif donné à Simon le zélote et à Judas l'Iscariote.
Jésus a pu décevoir cette attente en refusant l'action sur le terrain politique.
...Néanmoins, si Jésus ne conteste pas radicalement le pouvoir romain,
il ne manifeste pas davantage d'inclination envers les grandes familles sacerdotales proches de celui-ci.
Il semble que le signal de la répression soit venu des milieux sacerdotaux conservateurs de Jérusalem,
souvent assimilés aux sadducéens, inquiets de l'impact de son enseignement ouvert sur la Torah
et des effets de l'enthousiasme populaire .
Le fait d'avoir chassé les marchands du temple va servir de pretexte également à son arrestation.
...Enfin, l'avant-veille de la fête juive de la Pessa'h, Jésus prend un dernier repas avec ses disciples dans une ambiance pascale,
dans un épisode appelé traditionnellement la « Cène », au cours duquel il fait explicitement mention
de sa mort prochaine qu'il lie au renouvellement définitif de l'Alliance.
...Pour les religieux, Jésus s'est présenté en tant que réformateur, il a contesté le pouvoir des prêtres et c'est à ce titre qu'il a été châtié. Le noeud du problème réside dans la raison pour laquelle les grands prêtres d'Israël ne l'ont pas accepté comme Messie. C'est une raison simple Il y a 2000 ans, la Palestine est en ébullition, les esprits s'échauffent, l'heure de la délivrance va bientôt sonner, une nouvelle ère s'annonce, c'est la fin des temps, l'ére messianique ! Les juifs sont convaincus de l'imminence de l'arrivée du Machiah fils de David, qui va restaurer le royaume d'Israël et les débarrasser de la tutelle romaine.
...Au terme d'une procédure judiciaire romaine Jésus est finalement condamné par Ponce Pilate à subir le supplice romain du crucifiement, au motif politique de rébellion.
... Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani, par la dénonciation de son disciple Judas, sans que le motif soit vraiment clair. Jésus se trouve alors confronté aux trois pouvoirs superposés de la Palestine : le pouvoir romain, le pouvoir du tétrarque de Galilée et Pérée et le pouvoir des grands-prêtres du temple-État de Jérusalem
...Jésus est arrêté la nuit par la police du Temple, aux ordres des autorités religieuses espérant peut-être liquider le cas du Nazaréen avant la Pâque. Il est tout d'abord conduit chez l'ex-grand prêtre Anân, puis, à l'aube, devant une cour de justice que les évangiles appellent Sanhédrin, devant le « souverain sacrificateur » Caïphe
...Il comparaitra ensuite devant le préfet romain Ponce Pilate, qui l'envoie, lui,
chez Hérode Antipas avant de l'interroger à son tour.
Cela donne lieu à des confrontations où Jésus soit se tait, soit paraît souligner
le caractère relatif du pouvoir de ses interlocuteurs par sa liberté de parole dans
des scènes très chargées symboliquement.
...Les modalités du procès de Jésus sont déconcertantes si l'on se réfère à ce que
l'on connait du droit de l'époque :
aucune reconstitution des faits ou des procédures connues ne résiste à l'examen à partir des évangiles,
qui exposent un double procès, donc une double motivation,
religieuse chez les Juifs, politique chez les Romains.
... Après avoir été flagellé, il est tourné en dérision et stigmatisé dans les quartiers des soldats romains, revêtu d'une chlamyde qui évoque la pourpre royale, coiffé d'une couronne tressée d'épines et muni d'un roseau évoquant le sceptre dans une mise en scène visant à moquer le « Roi des juifs ».
... Son exécution a lieu un vendredi, veille du Chabbat, sur une croix surmontée d'un titulus dérisoire portant l'inscription « Jésus le Nazôréen, Roi des Juifs », qui instruit sur le motif de la condamnation pour le droit romain.
...Après y avoir transporté sa croix, il est crucifié au lieu-dit « Golgotha », à l'extérieur de Jérusalem, avec deux voleurs, , en présence de quelques femmes , mais en l'absence de ses disciples.
...Chez les Romains la crucifixion est un supplice infamant , le condamné nu est attaché ou cloué bras écartés avec des cordages sur une poutre sur laquelle est mentionné le motif de sa condamnation (titulus). Il peut appuyer sur ses pieds généralement sur une console, et la mort pour les plus résistants survient par asphyxie après plusieurs jours de souffrances.
...Jésus meurt vraisemblablement dans l'après-midi du jour de la préparation de la fête de Pessa'h . Il est enseveli avant la levée de la première étoile, suivant la prescription de la loi judéenne.
... Dans le texte évangélique, Joseph d'Arimathie est un membre du Sanhédrin secrètement converti à l'enseignement du Christ. Il apparaît pour la première fois après la crucifixion, lorsqu'il demande à Ponce Pilate l'autorisation d'emporter le corps de Jésus. Ensuite, il l'ensevelit dans son propre sépulcre, taillé dans le roc
...La mort de Jésus est suivie d'un épisode qui relève de la seule foi mais qui n'en appartient pas moins
à l'histoire des religions par les effets incalculables qu'il a produits : l'épisode de la Résurrection.
...Il faut considérer l'annonce de la résurrection de Jésus comme l'élément majeur de la fondation
de ce qui va devenir une nouvelle religion.
...Cet épisode fondamental n'est décrit dans aucun évangile canonique.
À travers quelques scènes qui présentent une forte diversité selon les évangiles,
les textes présentent l'après-coup : l'étonnement des femmes qui découvrent le tombeau vide,
puis l'apparition du « Ressuscité » parfois en Galilée, parfois dans les environs de Jérusalem
ou encore ici et là, envoyant tantôt en mission, tantôt accordant l'« Esprit » aux disciples ou encore partageant leur repas.
...On peut constater trois constantes des récits canoniques :
la résurrection est inattendue bien qu'elle ait été prophétisée par Jésus plusieurs fois et que des parallèles
aient été établis avec l'Ancien Testament pour l'annoncer,
elle n'est pas décrite en tant que telle, et elle n'est accessible qu'aux seuls croyants.
L'événement ne nie toutefois pas la mort car Jésus ne ressuscite que le troisième jour après sa crucifixion ;
il s'agit davantage du passage à une vie qui ne finit pas, qui se place dans l'éternité
et sur laquelle le temps n'a pas de prise.
..Le seul récit de la résurrection qui nous soit parvenu figure dans l'évangile de Pierre,
un document assez semblable aux synoptiques, qui mentionne précisément l'épisode dont les témoins
sont les gardes en faction à l'entrée du tombeau :
deux êtres angéliques pénètrent dans le tombeau avant d'en ressortir soutenant le Seigneur
encore chancelant mais agrandi par la Résurrection.
Les sentinelles s'en courent pour prévenir Pilate tandis que les femmes découvrant le tombeau vide
sont informées de la résurrection par un jeune homme
...Jésus est né juif, il a vécu en juif, il est mort juif. Il n’a donc pas « fondé » le christianisme,
et c’est un abus de langage de le désigner comme un « fondateur » de religion.
Il est vrai qu’un groupe de disciples s’est réclamé de lui après sa mort, en proclamant sa résurrection.
Mais ce groupe lui-même se considérait comme juif :
c’était une des nombreuses tendances au sein du judaïsme de l’époque.
... Comment ce groupe a-t-il fini par devenir « chrétien » ? Quel rôle jouèrent les grandes
figures de cette transition : Marie, mère de Jésus, Pierre, leader dans le groupe des apôtres,
Jacques, frère de Jésus, et surtout Paul, qui se revendique « apôtre » alors
qu’il n’a jamais rencontré Jésus ? Au prix de quelles contradictions, contorsions,
illusions en est-on arrivé à une nouvelle religion ?
..Jacques fut le chef du groupe des judéo-chrétiens de Jérusalem après la crucifixion,
et fut un personnage important de l' Église primitive.
Il était fortement ancré dans le judaïsme de son temps et restait fidèle à la loi de Moïse.
Il s'opposa, à propos de la circoncision, à Paul, lors d'un concile qu'il présida à Jérusalem.
Le principe de la non circoncision des païens convertis, défendu par Pierre et Paul finit par s'imposer,
ce qui aboutit à la séparation d?efinitive du christianisme et du judaïsme.
... Bien qu'ayant eu une vie simple et respectueuse de la Loi juive,
il aurait été lapidé à mort, entre 62 et 66, à Jérusalem sur ordre du Sanhédrin (tribunal juif),
présidé alors par le grand-prêtre sadducéen Anne.
...Saint Pierre et saint Paul sont les deux piliers de l'Église et jamais la Tradition ne les a fêtés l'un sans l'autre. L'Église romaine, c'est l'Église de Pierre et de Paul, l'Église des témoins directs qui ont partagé la vie du Seigneur.
...Pierre était galiléen, reconnu par son accent, pêcheur installé à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade. Pierre verra vie bouleversée par l'irruption d'un homme qui lui dit: "Suis-moi. Tu t'appelleras Pierre." Simon devenu Pierre laisse ses filets et sa femme pour suivre le rabbi. Pierre reçoit de l'Esprit-Saint la révélation du mystère caché depuis la fondation du monde: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
...Si le christianisme n'est pas resté une secte juive parmi d'autres mais est devenu une grande religion universelle, c'est à saint Paul (Saül) qu'il le doit. Le futur propagandiste de la foi chrétienne est un citoyen romain d'origine juive et de langue grecque né à Tarse, en Anatolie, vers l'an 9.
...Mais sur le chemin de Damas, il est terrassé par une force surnaturelle. et il se convertit peu après. Il prend le nom de Paul, traduction latine de Saül, pour se faire mieux accepter dans le monde gréco-romain, puis effectue au total trois grands voyages d'évangélisation en Asie mineure, en Grèce et jusqu'à Rome, multipliant partout les conversions.
... Il rencontre néanmoins le martyre à Rome après quinze ans d'apostolat. Il est décapité et enseveli en un lieu où s'élève aujourd'hui la superbe basilique de Saint-Paul-hors-les-murs.